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Cap sur Yorktown, Virginie, USA : Port-Vendres aux Racines d’un Jumelage Historique (1/5)

André Querre

13/01/2025



Port-Vendres est jumelée avec deux villes :


Yorktown (Virginie, USA) depuis 1994

Sóller (Majorque, Baléares, Espagne) depuis 2018


Si le port de Sóller, situé au nord-ouest de l’île espagnole de Majorque, dans l’archipel des Baléares, est à portée de rames de celui de Port-Vendres, il n’en va pas de même pour rallier Yorktown au départ des quais de Port-Vendres : l’Atlantique nous sépare !


Nos relations avec Sóller sont facilitées par notre proximité géographique avec les Baléares sur la même Méditerranée. C’est le 28 novembre 2016 que le conseil municipal de Port-Vendres a voté à l'unanimité la décision de passer un accord de jumelage avec la commune de Sóller située sur la côte nord-ouest et au pied de la Serra de Tramuntana de l'île de Majorque. Le jumelage est devenu officiel le 13 juillet 2018.



Par la suite, dans le cadre de ce jumelage entre Port-Vendres et Sóller des Baléares, au lendemain des fêtes catalanes de Port-Vendres, qui se sont déroulées du 26 juillet au 1ᵉʳ août 2021, une dizaine de barques catalanes, nos gracieuses llagut, menées par l’association Gapamar, ont effectué une traversée chargée de culture et d’émotion allant de Port-Vendres jusqu’à Sóller. L’escadre est arrivée le mardi 3 août au port de Sóller.


Les autorités communales locales, le Conseil et la base navale de Sóller ont accueilli les équipages port-vendrais avant de participer aux festivités organisées en l’honneur du jumelage existant entre les deux ports.


Donc, pour ce jumelage entre voisins de l’Ancien Monde, tout va pour le mieux, et à l’occasion (comme lors du bicentenaire de la création de la commune de Port-Vendres, en 2023) les populations des deux cités maritimes dansent ensemble la sardane sous le souffle de la même tramontane !


Avec la population de Yorktown, c’est autre chose !


L’origine des liens historiques entre Port-Vendres et Yorktown


Ce jumelage entre Port-Vendres et Yorktown, officialisé en 1990, s'explique par des liens historiques. Port-Vendres a été le port d'embarquement de plusieurs régiments français envoyés par Louis XVI pour aider les insurgés américains face aux Britanniques durant le siège de Yorktown. Un des bas-reliefs de l'obélisque de Port-Vendres fait directement référence à l'indépendance américaine acquise en 1781 à Yorktown, notamment grâce aux troupes parties de Port-Vendres.


L'obélisque de Port-Vendres est un monument à la gloire du roi Louis XVI, mais il témoigne aussi de l’honneur et de la mémoire de l'indépendance des USA. Cet obélisque en marbre rose de Villefranche-de-Conflent et blanc d’Estagel, surmonté d’une fleur de lys (symbole de la royauté), a été commencé en 1780, sous Louis XVI, à la demande du maréchal de Mailly, selon les plans de l'architecte Charles de Wailly.



Le socle de l'obélisque est décoré de 4 bas-reliefs en bronze dont l’un représente l’Amérique indépendante. Il illustre le traité d'alliance et de commerce (signé le 6 février 1778) entre la France et les "insurgents" d’Amérique après leur victoire à Saratoga (ville appartenant à l’État de New York) en 1777 sur les troupes britanniques qui tentaient de conserver le contrôle du fleuve Hudson et de ses berges, déterminées à conserver l’Amérique dans les possessions de la Couronne britannique. Cette face du bas-relief représente l'arrivée de la frégate "La Sensible" avec à son bord l'envoyé du Roi de France apportant le traité. Un autre panneau du socle salue la liberté de commerce entre la France et l’Amérique

Gravure en bronze du panneau Est du socle de l’Obélisque de Port-Vendres
Gravure en bronze du panneau Est du socle de l’Obélisque de Port-Vendres

Les troupes françaises ayant épaulé les Américains pour l’indépendance de l’Amérique embarquaient à Port-Vendres en 1780.


À cette époque, fin du XVIIIᵉ siècle, on ne naviguait qu’à la voile, et au gré du vent, qu’il fallait remonter lorsqu’il n’était pas portant.


La première traversée de l’Atlantique en bateau à moteur n’a été effectuée par le brick Le Sirius qu’en 1837. Soixante ans auparavant, à l’époque de la guerre d’indépendance de l’Amérique, ce sont donc de grands voiliers, tel l’Hermione (construite en 1779 à l’arsenal de Rochefort, une frégate portant 26 canons de 12 livres et 8 canons supplémentaires de 6 livres), qui transportaient les troupes françaises pour aider les indépendantistes américains à se libérer de la tutelle anglaise.


L’Hermione est connue pour avoir conduit pour sa deuxième traversée le marquis de La Fayette aux États-Unis en 1780, lui permettant de rejoindre les insurgés américains en lutte pour l’indépendance de leur pays.

La frégate l’Hermione, peinte par l’artiste port-vendrais DOURY sur la place Castellane.
La frégate l’Hermione, peinte par l’artiste port-vendrais DOURY sur la place Castellane.

Les grands voiliers royaux appareillaient de Port-Vendres, le port français en eaux profondes le plus proche du détroit de Gibraltar, où les militaires étaient regroupés dans les casernes en attendant la traversée vers le Nouveau Monde.


Après l’embarquement et l’appareillage, au portant de la tramontane, cap était mis à l’est-sud-est pour longer la côte nord-est de l’Espagne, puis virer à tribord pour longer sa côte sud-ouest jusqu’à passer le détroit de Gibraltar, puis enfin cap sur la côte est de l’Amérique, en profitant du portant des alizés, favorables vers octobre-novembre. Il fallait alors compter environ trois mois de mer entre Port-Vendres et la baie de Chesapeake où les navires royaux français mouillaient l’ancre. Leur rôle, à cet endroit, était d’empêcher les navires anglais d’approcher de leurs troupes à terre et de les ravitailler alors que les insurgés américains les harcelaient pour les faire reculer.



Aujourd’hui, il nous faut 12 heures d’avion entre Barcelone et Richmond, la capitale de la Virginie. Puis il y a 65 miles (environ 103 km) entre Richmond et Yorktown : comptez une heure vingt en train (c’est le plus pratique), ou une heure et demie de route. Sinon, il y a 340 miles (1 mile vaut 1,609 km) entre New York et Richmond, que bus et trains couvrent en moins de 6 heures (pour environ 45 euros).


La suite, l’épisode 2/5, dans quelques jours.



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